Il est bien loin le temps où l’on pouvait trouver dans mon frigo du beurre , de la crème ou du saucisson…
Pourtant, j’ai suivi une formation en restauration classique : sauce béarnaise, carbonnades à la flamande (oui, parce que je suis du Plat Pays) et mousse au chocolat n’ont pas de secret pour moi.
Mais voilà, je n’ai jamais aimé les plats mijotés ou cuisiner de la viande, je levais les yeux au ciel quand mon chef de cuisine me disait d’ajouter de la crème dans ma fondue de poireaux et tournais carrément de l’oeil quand ma grand-mère mettait un kilo de sucre pour un kilo de fruits dans la confiture…
Ça n’était pas vraiment l’attitude idéale pour débuter une carrière de Bocuse et, même si j’adorais mon métier, je ne m’y sentais pas tout à fait à l’aise.
Et puis, au hasard des rencontres, j’ai découvert l’Alimentation Vive et les personnes qui véhiculaient ce mouvement à l’époque en Belgique comme Martine Fallon, Taty Lauwers ou Pol Grégoire.
C’était assez timide et on passait facilement pour une originale à faire germer des petites graines !
Mais cette façon de travailler les aliments me plaisait bien, et je me suis mise à dévorer tous les livres sur le sujet que je pouvais trouver (Google à ce moment, n’était pas encore une référence)
Considérer la cuisine avec une approche santé et nutritionnelle plutôt qu’uniquement nourrissante était une petite révolution et j’ai appris à maitriser les cuissons douces, privilégier le cru, faire tremper céréales et graines…
Cette petite graine donc, était plantée dans ma tête, elle avait besoin encore de mûrir avant de s’épanouir.
Puis est venu le jour ou j’ai tout mis entre parenthèses, fait mon sac et pris le premier avion.
J’ai passé un an et demi à voir le monde et grandir pour finalement poser mes bagages à Grenoble ou je me suis sentie tout de suite comme chez moi, entourée de montagnes et de nature. (évidemment, un certain Grenoblois y est pour quelque chose).
Ce qui m’a le plus frappée en France, c’est cet amour inconditionnel pour la cuisine et les produits du terroir, ici manger est un sujet sérieux !
On en parle tout le temps, en mangeant, en buvant et en travaillant !
Au début, je me suis adaptée à mon nouvel environnement et comme beaucoup j’achetais ma baguette quotidienne et veillait à avoir toujours du fromage dans le frigo.
Puis, tout doucement l’envie et le plaisir de cuisiner selon les principes de l’Alimentation Ressourçante sont revenus, je me sentais mieux à consommer des légumes et à cuisiner des céréales complètes et des légumineuses.
Un jour, sur le ton de la plaisanterie, j’ai proposé à mon chéri, de passer un mois sans pain, sans fromage et sans viande pour voir ce qu’il se passait et, à mon grand étonnement, il a dit oui !
Le résultat fut sans appel, après cette diète, on se sentait tous les deux beaucoup mieux, plus de maux de ventre dûs à la digestion, en forme et plein d’énergie : on avait trouvé notre mode de vie alimentaire.
Petit à petit, lentilles, sarrasin, millet, quinoa et pois chiches ont remplacés les céréales blanches des placards et, finalement, j’ai complètement arrêté d’acheter des produits industriels.
Je n’ai pas la télévision et je préfère prendre un peu de temps le soir pour préparer des barres de céréales, une granola, du yaourt, etc…
Avec un peu d’organisation, L’alimentation Ressourçante à l’avantage de prendre peu de temps par rapport à la cuisine classique, elle ne génère pas beaucoup de vaisselle (adieu plats à gratins à récurer), est accessible à tous (impossible de rater une émulsion au blender) et se prête super bien au Binge cooking (on cuit les céréales pour la semaine et hop on les agrémente chaque jours différemment).
Mon bilan après bientôt 5 ans ? Un corps et un esprit en pleine forme, un budget alimentaire réduit et des amis qui adorent quand je les invite à manger à la maison.
Manger sain coûte cher dites-vous ? Je ne pense pas.
Tout d’abord, il faut faire la différence entre le tout bio et l’engagement local.
J’ai pris le temps de sélectionner les producteurs avec lesquels j’ai envie de travailler, pour moi et le Sens des Saveurs.
Bien sûr mes produits secs d’épicerie sont bio, je ne pourrais pas envisager de faire autrement.
Mais continuer de consommer certains aliments toute l’année sous prétexte qu’ils sont bio? ça n’a pas de sens…
Je prends le temps de rencontrer des producteurs locaux, de m’intéresser à leur façon de cultiver.
Et de me laisser la possibilité de travailler avec eux même s’ils ne peuvent pas se payer une certification.
Car si le bio a du sens sur le fond, il est en passe de devenir un argument commercial.
C’est la raison pour laquelle Le Sens des Saveurs n’aura jamais le label bio.
Ensuite, pour en revenir au budget, si vous êtes habitués à consommer des produits transformés, des plats préparés, de la viande à chaque repas et que vous passez du jour au lendemain au bio, oui ça va vous coûter une fortune, il faut prendre le temps de la transition.
Commencez par de petites révolutions plutôt que de grandes résolutions : remplacer ses produits petit à petit, tester une nouvelle céréale, se l’approprier et le processus se mettra en place naturellement.
Si vous commandez chaque semaine votre panier de fruits et légumes et que vous les complétez avec des céréales et des légumineuses, si vous mutuallisez un colis de viande chez un petit producteur, votre budget sera réduit et laissera même une marge aux extras : amandes, noisettes, cacao cru…
Avez-vous entendu parlé du «LAGOM» ? c’est un concept Suèdois qui n’a pas vraiment de traduction exacte mais que l’ont pourrait expliquer par «ni trop, ni trop peu», on achète moins mais mieux, on choisit des produits locaux et naturels, on cuisine des produits bruts.
Finalement, mes routines alimentaires sont très simples et je passe peu de temps à préparer un repas à la maison, même quand je reçois du monde (Pour le Sens des Saveurs, c’est un peu différent, il est normal que je passe beaucoup de temps à cuisiner car les quantités ne sont pas les mêmes).
Le matin, j’aime bien commencer par un verre d’eau tiède avec un demi citron pressé et mon indémodable infusion gingembre-citron.
Je prends mon petit déjeuner en milieu de matinée (si vous aussi vous aimez le prendre un peu plus tard, pourquoi ne pas l’emporter au bureau dans un bocal ?).
En ce moment, je suis folle de granolas : au citron pavot, au curcuma et carotte, aux noisettes et maca, etc… mais j’adore aussi les porridges, yaourt de cajou… c’est mon repas préféré et vous trouverez plein d’idées de recettes sur le groupe Facebook.
Le midi, je sors mon bol et je mets les céréales à l’honneur avec des légumes crus ou passés à la vapeur, si j’ai une sauce sous la main c’est très bien sinon un trait d’huile avec un peu de jus de citron me conviennent parfaitement.
L’après-midi, j’aime prendre le temps de me faire un jus de légumes et fruits à l’extracteur ou au blender, un petit shot de vitamines et c’est reparti !
Le soir, c’est plutot léger, à base de légumineuses et de légumes, parfois un oeuf ou des sardines avec un avocat, ou une soupe. Je suis particulièrement fan du miso : un bouillon rapide mais aux bienfaits nutritifs extraordinaires.
Au final, qu’y a-t-il aujourd’hui dans mes placards ?
Avec le Sens des Saveurs, j’ai l’habitude de travailler toute la gamme de céréales sans gluten : millet, quinoa rouge et blanche, sarrasin, riz et risotto, riz sauvage, nouilles soba mais j’adore aussi les graines de petit épeautre.
Des légumineuse en folie pour les protéines végétales : lentilles corail, vertes ou beluga, pois chiche, azuki, pois cassé.
Pour les petits déjeuners, commencez par les flocons d’avoine. Vous pourrez ensuite explorer toutes les variétés possibles : de riz, de sarrasin, de pois chiche, d’épautre…
Avoir de la purée d’amande est bien utile : à glisser dans une soupe ou dans un risotto, une mousse de légumes, elle a une fonction liante et m’est indispensable. J’aime aussi celle de noisette ou de cacahuète pour préparer les sauces de Pad Thai.
Oui, la plupart des oléagineux coûtent cher mais ils sont à consommer en petite quantité !
Et puis quelques fruits secs et superfood, à consommer également en petite quantité journalière, en avoir un ou deux sous la main suffit amplement dans les choix disponibles : cacao cru, baies de goji, canneberges, raisins secs, pistache, pollen (frais c’est mieux) maca, noix de coco rapée, gomasio, algues…
Dans le frigo, des légumes et fruits frais, toujours du gingembre et du citron (impossible de m’en passer, j’en bois des infusions toute la journée, ils me suivent même en vacances!), des huiles précieuses : noix, noisettes, sésame.
Veillez à prendre des huiles de première pression à froid en petite bouteilles opaques : elles s’oxydent rapidement.
Et puis, il y a mon étagère à bocaux : noix de cajou, amandes, noisettes, graines de courge, de tournesol.
Au rayon des épices, curcuma, muscade, cardamome, canelle, et mon super bouillon de légumes que je fais moi-même :
– Passez à la vapeur 750g de légumes au choix, 250g d’oignons et 4 gousses d’ail.
– Mélangez-les avec 300g d’herbes fraîches au choix hachées, 4 cuillères à soupe de grains de poivre noir et 4 feuilles de laurier
– Passez le tout à l’extracteur, option purée et ajoutez ensuite 250g de gros sel
– Vous pouvez le consommer tel quel, il tient plusieurs semaines au frigo
– Pour ma part, je le fais sécher au déshydrateur et ensuite je le réduit en poudre au blender.
Quand les copines passent, j’ai toujours des rouleaux de cuirs de fruits que je prépare au déshydrateur sous la main pour accompagner une tisane avec les fleurs et herbes que je récolte au jardin.
Et pour l’apéro, du kéfir avec des graines épicées et déshydratées.
Certaines personnes rencontrées lors d’Ateliers du Sens de Saveurs ont fait le choix de ce mode de vie alimentaire suite à des problèmes de santé, et cela leur réussi (coïncidence? je ne pense pas ;)).
Force est de constater qu’ils n’ont pas le choix et sont bien plus calés que moi sur certains sujets.
Pour ma part, j’ai la chance de pouvoir choisir et je souhaite juste que ma cuisine soit équilibrée et savoureuse, je n’ai pas envie de devenir une crudivore convaincue ou d’imposer ma vision de la cuisine.
J’aimerais juste proposer des alternatives santé sans concession pour le goût.
Ceci dit, je ne suis ni parfaite, ni infaillible!
Je prends plaisir à partager une bonne bouteille de vin avec des amis, et je ne vais pas refuser une invitation à manger une raclette ou un barbecue sous prétexte que ce n’est pas le mode alimentaire que je prône.
Voyez-vous, un mode de vie sain et équilibré ce n’est pas simplement observer une alimentation stricte et exemplaire, c’est aussi partager de bons moments avec ceux qu’on aime, s’amuser et être heureux !